Le barrage sur l’Ourthe à Nisramont
C’est en 1872 que l’idée de construire un grand barrage en aval des Deux Ourthes est lancée. De reconnaissances préliminaires en polémiques et projets (en 1912, l’un d’entre eux préconise l’implantation du futur barrage au niveau du Cheslé), il faudra attendre 1958 pour voir sortir de terre le complexe actuel.
Encore celui-ci ne devait-il être qu’un batardeau destiné à être mis sous eau lors de la mise en service d’un grand barrage (250 millions de m³) qui, avec celui prévu sur l’Aisne (750 millions de m³) aurait dû fournir de l’eau alimentaire et industrielle, tout en soutenant les débits d’étiage de la Meuse. Le projet, bien dans la ligne d’une époque, fut abandonné. D’autant qu’entre temps d’importants équipements complémentaires avaient été installés.
Tel qu’on peut le découvrir aujourd’hui, le barrage de Nisramont comporte une centrale hydroélectrique, une station de traitement des eaux, une station de traitement des boues, un ensemble de douze maisons pour le logement du personnel, un hangar à canots pour la surveillance du plan d’eau, deux pré-barrages équipés d’échelles à poissons et un vaste parking doublé d’infrastructures d’accueil.
TRAITEMENT DES EAUX
Le but principal du barrage est de fournir aux communes du plateau de Bastogne et de la région Aisne / Ourthe une eau potable de qualité. L’eau de retenue ne possédant pas les qualités exigées, il s’avéra nécessaire de construire une station de traitement qui, d’une capacité initiale de 12.000 m³/jour passa ensuite à 24.000 m³/jour.
La plupart des opérations sont automatisées, et un bâtiment de traitement des résidus a été réalisé en 1985. Les boues provenant des décanteurs sont périodiquement purgées, épaissies et envoyées dans un filtre-presse qu’elles quittent sous forme de galettes inertes que l’on transporte ensuite dans une décharge agréée. Afin d’éviter tout rejet de produits chimiques en rivière, les effluents de la station et les eaux de nettoyage des cuves à réactifs sont recyclées en tête des décanteurs.
AUTONOMIE ÉLECTRIQUE ET TOURISME
Au pied du mur du barrage, la centrale électrique produit l’énergie nécessaire aux besoins de fonctionnement du site. Elle alimente entre autres les groupes motopompes qui refoulent l’eau traitée, par deux adductions, vers les réservoirs d’Ortho.
Le tourisme n’a pas été oublié, puisqu’un sentier pédestre de 14 kilomètres permet de faire le tour du barrage en passant par les deux pré-barrages. L’occasion de découvrir de l’intérieur l’une des vallées les plus sauvages que l’Ardenne offre au promeneur. En outre, dans le bâtiment d’information technique, on peut voir un document audiovisuel et une exposition permanente. Une cafétéria complète l’ensemble.
UN MIRACLE DE QUIÉTUDE
Tout ça, direz-vous, est bien technique. Et vous aurez mille fois raison. Car le vaste plan d’eau, s’il est avant tout fonctionnel, constitue un véritable miracle de quiétude dans l’agitation frénétique de l’époque. Et ça aussi, c’est précieux.
Ainsi, outre la très sportive promenade du tour du lac, nombre d’autres pérégrinent tout au long de ses flancs abrupts et sur les crêtes voisines. À savourer sans modération, mais à son rythme. Car le relief et la nature du terrain recèlent tous les ingrédients pour casser les pattes des présomptueux. Et, volonté de préserver les abords de cette retenue d’eau potable des ravages du tourisme de masse, rien ou si peu n’est aménagé pour faciliter la vie des promeneurs. On s’en réjouira sans réserve, tant il est vrai que les vandales apprécient tout particulièrement la facilité.
Et si, à l’instar de celui qui écrit ces lignes, vous avez en sus le privilège de posséder une embarcation ancrée sur la berge, alors sans doute avez-vous une idée plus précise de ce que signifie le bonheur. Que d’heures heureuses, dans un silence plus pur à mesure que la fréquentation des berges se fait rare !
Photo : Donar Reiskoffer
Car, bien entendu, la majesté des lieux ne manque pas d’impressionner, aussi, les crétins de passage. Lesquels s’empressent dès lors de beugler l’existence sans intérêt de leur bipédie involutive.
Ajoutons pour terminer qu’en aval du barrage un embarcadère facilite la mise à l’eau des kayaks, et que l’ADEPS gère un centre sportif au confluent des deux Ourthes.
Écrit par :Patrick Germain /2007
Note :
Type de barrage : poids en béton
Hauteur maximum au-dessus des fondations : 21 m
Évacuation des crues par trois pertuis à vannes wagon descendantes
Volume du barrage : 22.000 m³
Longueur en crête : 116 m
Puissance totale électrique apparente : 1.320 kVA produits par deux turbines à double axe horizontal
Production d’eau (totale) : 197253 m³ (1967) – 5359814 m³ (1996)
Deux pré-barrage à échelle à poissons
Bonjour, effectivement, l’idée d’un gros barrage avait été émise début des années soixante à Roche-à-Frêne. J’étais très jeune à l’époque, habitant la région, mais ce projet avait fait naître de grandes craintes chez les habitants des villages de Ninane, Deux-Rys, Hoursinne, La Forge, Fanzel, Mormont … probablement engloutis en tout ou partiellement. Sans compter les villages en aval craignant un accident éventuel. Je n’ai pas d’info sur le canal de jonction venant de Nisramont. Il est certain que ce projet avait une idée prédominante: soutenir le débit de la Meuse via l’Ourthe, profitant à l’industrie, bien plus que fournir l’eau alimentaire. Le projet du barrage de Couvin fin des années 1970 (voulu par un certain G. Mathot) a probablement fait tomber définitivement celui sur l’Aisne. Couvin n’a jamais été construit suite à l’opposition des habitants.
Bjr!
Vous faites mention d’un grand barrage qui devait être construit sur l’Aisne. Je pense qu’i devait être construit à Roche à Frêne, hameau à cheval sur les anciennes communes de Harre (actuellement MANHAY) et de Heyd (actuellement DURBUY). De plus je pense qu’il était question de relier les 2 barrages (Nisramont et Roche à Frêne) par un canal. ces informations figuraient notaamment dans le petit musée du barrage de Nisramont. Si jamais vous retrouviez des articles de presse de l’époque, je vous serais très reconnaissant de m’en faire parvenir une copie.
D’avance, je vous remercie