Bataille des Ardennes – Le cimetière allemand de Recogne
Depuis 1947, les corps de 6.807 soldats allemands reposent par groupes de six, sous de rustiques croix de petit granit, à Recogne. Avec Lommel (Léopoldsburg) c’est la plus grande nécropole du genre en Belgique.
Décembre 44 : Hitler lance l’offensive « Wacht am Rhein », qui va déboucher sur l’un des plus grands carnages de la seconde guerre mondiale du XXème siècle, sur le front occidental. Les pertes humaines, de chaque côté, dépassent celles enregistrées durant le débarquement en Normandie. Actuellement, on cite les chiffres, côté américain à 8.607 tués, 21.144 disparus et 47.139 blessés ; côté allemand à 17.236 tués, 16.000 disparus et 34.439 blessés. Sans commentaire.
Le service d’inhumation américain aménage un cimetière de regroupement situé de part et d’autre de la route de Noville. On y enterre, séparément, 2.700 soldats américains et 3.000 allemands.
Durant les années 46 / 47, les morts américains sont transférés à Henri-Chapelle, tandis que les services d’inhumation belges réunissent les allemands à Recogne. Aux 3.000 du départ vont se joindre les soldats tués dans d’autres endroits de la province de Luxembourg, du sud de la province de Liège et des Cantons de l’Est. Y reposent également les dépouilles de militaires tués dès le début de la guerre, et l’occupation.
Réconciliation par-dessus les tombes
En 1956, un camp de jeunesse international fut organisé. Son thème : « Réconciliation par-dessus les tombes ». Ces jeunes, venus de six nations, aidèrent à l’aménagement du cimetière et à la construction du mur d’enceinte, en grès rose de l’Eifel. Le 25 septembre 1960, le cimetière fut officiellement inauguré.
Sous chaque stèle de petit granit, gravée recto-verso, reposent six corps, dont certains n’ont jamais pu être identifiés. Aucune distinction de grade : officiers et soldats sont ici réunis dans la mort.
D’une même sobriété, une chapelle a été élevée, dont les murs sont décorés de bas-reliefs : l’un représentant st Michel portant la balance, et l’archange Gabriel portant la lumière.
On pourrait gloser à l’infini sur les tenants et les aboutissants de cette tuerie qui, sous des dehors idéologiques, a bel et bien constitué un exploit de plus à mettre au crédit d’une certaine forme d’économie. Foutaises, que le reste ! Fables tragiques avalées par les peuples pour justifier, et commettre, l’injustifiable. Et les archives auront beau faire, révélant le cynisme sous-jacent des assassins aux mains blanches : l’humain, on peut le craindre, ne comprendra jamais.
Mais la paix de ce cimetière. Mais la lumière rasante qui joue sur les stèles. Un jour, peut-être…
Ecrit par Patrick Germain 07-11-2007
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Auteur : Méolice