La chapelle de Farnières (Grand-Halleux, Vielsalm)
Peu de lieux en Ardenne, c’est entendu, laissent indifférent. Mais au-delà, certains d’entre eux interpellent : visite à la chapelle de Farnières, près de Grand-Halleux.
Si l’Ardenne est terre d’énergies, il est des lieux où celle-ci paraît s’être concentrée. Savoir quelle est la part de subjectivité – ou de sensibilité particulière à des phénomènes attendant encore une explication rationnelle – dans cette appréciation : « En toute chose, dit le sage, demeurez un vivant point d’interrogation ».
Ressentirez-vous cette impression, en découvrant la chapelle de Farnières ? À vous de voir.
Il est vrai que tout porte à baigner l’endroit d’une ambiance particulière. Ainsi, quel que soit le moyen de locomotion et par quelque horizon qu’on l’aborde, le site de Farnières ne s’offre-t-il qu’au terme d’une rupture avec l’agitation du monde dont l’intensité est inversement proportionnelle à la distance parcourue. La chapelle émerge alors de la verdure, focalisant irrésistiblement l’attention.
Sa chronologie reste sujette à caution. La version la plus communément admise fait remonter son origine à un ancien ermitage, relevant de la chapellerie de St Laurent à Grand-Halleux, érigée en 1430. Située au carrefour de chemins dont la fréquentation se perd dans la nuit des temps, elle était probablement dédiée à Saint-Jacques. L’un des jalons du Chemin de l’étoile ?
Sans doute : jusqu’au début du XXème siècle, la chapelle faisait l’objet d’un pèlerinage en honneur dans les Cantons de l’Est, lequel empruntait la Voie des Allemands en direction du Mont-saint-Jacques. L’un des points de passage obligés sur la route de Compostelle.
L’architecture actuelle, en schiste équarri et ardoise de taille, est de style XVIIIème. Et si, en 1986, Robert Nizet déplorait : « (que) la chapelle (soit) laissée à l’abandon après avoir été l’objet de pillages successifs », les choses ont pris une toute autre tournure depuis.
Propriétaire des lieux, la famille Van Zuylen a en effet réalisé un remarquable travail de conservation au chevet de l’oratoire où reposent par ailleurs les cendres de Madame Denise Van Zuylen, née Duesberg.
L’édifice, s’il est de dimensions modestes (H : 6 m – L : 9,60 m – l : 5,05 m) présente néanmoins toutes les caractéristiques d’un plan roman réalisé avec soin : un narthex prélude à l’entrée dans la nef, prolongée par un choeur et son abside.
Et si les transepts n’existent pas en tant que tels, la situation et les perspectives adroitement agencées débouchant sur les vitraux latéraux en inscrivent la présence au moins virtuelle. Ajoutons-y que lesdits vitraux sont l’oeuvre d’un disciple de Cocteau, et nous en conclurons que l’action du hasard n’entre pas pour grand-chose, ici.
Autant de caractéristiques topographiques et architecturales dont on ne s’étonnera pas qu’elles créent en ces lieux – avec d’autres, plus subtiles et que je vous laisse le soin de découvrir – un climat propice à la méditation.
Patrick Germain -2007
Note :,une copie grandeur nature de la chapelle de Farnières est visible au Fourneau-saint-Michel.
Sources:Merci à Robert Nizet et Charles Legros.
Ressources bibliographiques :
« Communes de Belgique – dictionnaire d’histoire et de géographie administrative » T1 – Collectif – Crédit communal de Belgique et renaissance du Livre (1980)
« Grand-Halleux « – Desert / Lekeux / Remacle – Glain et Salm, Haute Ardenne (198?) –
« Vieilles Images sur Toits de Cherbins » – Robert Nizet – Robert Nizet éditeur (1986).