La gare de Reuland, un patrimoine préservé
À quelques hectomètres de la localité, la gare désaffectée de Reuland offre un site intéressant à plus d’un titre : dans un environnement préservé, ses bâtiments ont conservé le cachet de naguère.Et des souvenirs d’enfance.
Au sortir de Reuland en direction de Steffeshausen, empruntez la route à gauche, directement avant le pont. En cul de sac, celle-ci conduit à un petit joyau d’archéologie industrielle : la gare désaffectée de Reuland.
Situé sur le tracé de ce qui fut la ligne belge 47 et qui, jusqu’en 1944, se prolongeait au-delà de la frontière allemande, le site se trouve dans un remarquable état de conservation. Et si la pièce maîtresse en est sans nul doute le bâtiment de la gare lui-même, où subsiste l’inscription gothique, les autres construction possèdent un cachet qui ne trompe pas.
Outre la station et ses annexes, on retrouve ici les deux débits de boissons et les deux commerces connexes (alimentation, et matériaux de construction).
Mais si le trafic de voyageurs n’en fut pas exclu, c’est surtout celui des marchandises qui l’anima jusqu’en 1964.
Ainsi, aux environs de 1910, quelque 100 trains quotidiens – vous avez bien lu – passaient-ils par là, dont 16 de voyageurs. Ce fut, il est vrai, l’apogée de cette ligne à voie unique. Une densité de trafic qui, on s’en doute, n’allait pas sans danger. Ainsi, le 16 décembre 1913, un mécanicien et le chauffeur d’une locomotive trouvèrent-ils la mort dans un accident en gare de Reuland.
Autre état des lieux en 1962 : sur une ligne désormais limitée au tronçon réparé après la Bataille d’Ardenne, seules deux navettes hebdomadaires de marchandises venant de Gouvy, ou d’Ulflingen (Grand-Duché) circulaient encore. En 1964, les gares étaient fermées, et la voie démantelée. La création d’un réseau Ravel les a, fort heureusement et de bien belle manière, sauvées de l’oubli.
Restent, aussi, quelques souvenirs. Ainsi n’est-ce pas sans une certaine nostalgie que l’auteur de ces lignes, en recueillant quelques quarante années plus tard la documentation nécessaire à leur rédaction, se remémora l’histoire d’un petit garçon de cinq ou six ans qui, du côté d’Oudler où était sa famille, grimpait la colline pour voir passer les convois qui s’annonçaient en sifflant. Il fut même à deux doigts d’en connaître la morsure, un jour, n’eût été la vigilance d’un grand-père dont l’un des arts majeurs consistait à se tenir suffisamment loin des expériences pour qu’elles servent l’expérience, et suffisamment près pour éviter le pire.
Ce devait être l’un des derniers convois de la ligne, et sans doute ce train devait-il ressembler à celui-ci, photographié au tunnel de Wilverdange, en 1961.
Ecrit par :Patrick Germain /2007
Source :
• Panneaux didactiques sur place, et sites web consacrés aux chemins de fer.