Le prunellier, noire épine
On l’appelle aussi épine noire, pour le distinguer de l’aubépine (épine blanche) avec laquelle il partage d’abondantes floraisons et de mêmes habitats. Utiles, ses haies ont failli disparaître ; mais ce sont les fruits du prunellier, surtout, qui lui valent une réputation d’excellence.
C’est généralement sur les talus et des terres pauvres que l’on rencontre le prunellier, arbuste rustique s’il en est. Mais, comme dit l’adage : qui peut le plus, peut le moins. Autrement dit, ce grand frugal s’accommodera sans problème d’une belle et bonne terre, qu’il colonisera sans façons, à foison et en profondeur.
Plus d’un fermier en fit la douloureuse expérience, au temps où la ronce artificielle n’avait pas encore détrôné les haies vives. Le prunellier s’y retrouvait d’abondance, avec l’aubépine. Une tendance qui revient ça et là : outre le gîte et le couvert pour nombre d’oiseaux et de petits mammifères, les haies vives constituent autant d’abris propices aux productions bovines et ovines, qu’elles soient viandeuses ou laiteuses, tout en préservant les sols d’un lessivage d’autant plus destructeur depuis les grands mouvements de remembrement.
Par ailleurs, ce bel arbuste aux fleurs parfumées possède d’autres qualités, dont quantité d’usages médicinaux qu’il sera toutefois bon de doser avec prudence : fleurs, feuilles et écorce contiennent en effet une substance génératrice d’acide cyanhydrique, que leur odeur d’amande amère dénonce.
Mais ce sont surtout les drupes, qui ont donné son nom à l’arbuste en raison de leur ressemblance avec des prunes, qui rendent celui-ci populaire. Inutilisables avant les gelées, ces dernières viennent à propos leur donner le coup d’adoucissement nécessaire à l’utilisation des prunelles en liqueurs ou en eaux de vie toujours très populaires en Ardenne. À consommer, bien sûr, avec toute la modération voulue.
Écrit par : Patrick Germain /2007
Note :
Prunus spinosa L.
Épine noire, prunier épineux, buisson noir, belloce, beloche, pellocier, argoche,
Wallon : purnalî – neûre spènne