Décembre 1944, le massacre de Baugnez à Malmedy

10 Déc, 16 | histoire

Outre les innombrables destructions et morts dues aux tirs d’artillerie et aux bombardements aériens, tant alliés qu’allemands, nombre de massacres furent commis durant l’offensive Von Rundstedt.
Leur liste s’égrène comme un chapelet : Baugnez, Bourcy, Noville, Wibrin, Stavelot, Bande, Steinbach …
Fait de troupes fanatisées, ivres de vengeance ou conscientes de l’inexorable échec du  » Reich millénaire « , ces massacres constituent un douloureux martyrologe ardennais.

La 1ere SS Panzer Division (LAH) commit de nombreux crimes de guerre lors de sa percée au Nord du saillant.
Celui de Baugnez, sur les hauteurs de Malmédy, est sans doute le plus connu : quatre-vingt-six GI’s y furent assassinés, dans une prairie située à l’angle des routes de Waimes et de Ligneuville.
La raison en demeure incertaine.

Les faits

Le 17 décembre 44, le 285eme bataillon d’observation d’artillerie de campagne US, aux ordres du lieutenant Lary arrive à Malmédy. Averti de la présence de blindés allemands à Bullange, celui-ci décide néanmoins de suivre la route qui lui a été assignée ; et l’unité s’engage sur la N 23.
Elle arrive au carrefour de Baugnez au moment même où une avant garde de la colonne Peiper y parvient.
Un violent engagement s’ensuit, et les véhicules sont bousculés par les blindés allemands de tête, qui poursuivent leur route. Mais le reste de la colonne est là, et Lary comprend que la situation de sa troupe est désespérée. Il décide de se rendre.
Le commandant Poetshke, qui est laissé avec les prisonniers, distrait deux Panzers de la colonne. Soptrott, commandant l’un des deux blindés, aurait alors reçu l’ordre d’ouvrir le feu. En tout cas, son canonnier, le soldat Fleps, abat le chauffeur du lieutenant Lary d’un coup de pistolet, puis les mitrailleuses des chars entrent en action. Des pionniers du génie allemand, de jeunes recrues, entrent ensuite dans le champ pour achever les survivants.

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Baugnez (source USArmy) : Enfouis sous la neige, les corps des soldats assassinés à Baugnez ne seront inhumés qu’une fois le carrefour repris par les alliés, un mois après les faits ; et le travail d’une commission d’enquête effectué.

La prairie Sacrée

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On dégagera plus de 80 corps de la neige

Volonté délibérée ? Effet d’entraînement, après le coup de feu de Fleps ? Que s’est-il passé, à Baugnez ? Les historiens eux-même s’y perdent. Restent les faits. Sans excuse.
Le procès de ce massacre eut lieu à Dachau en 1946, et Jochen Peiper fut condamné à mort. Il est prouvé aujourd’hui qu’il ne se trouvait pas à Baugnez au moment des faits.
La prairie abreuvée par le sang des malheureux fut longtemps laissée à l’abandon. Enfant, nous passions régulièrement à cet endroit, dont nos parents nous avaient maintes fois raconté l’histoire.
Elle était devenue sacrée, à nos yeux, et l’est restée.

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Un zoning artisanal est à présent établi derrière le monument commémoratif. Reste un souvenir tenace.

 

Un long chemin d’horreur

Mais les massacres ne se limitèrent pas à celui de GI’s désarmés. Les civils payèrent également un lourd tribut à la folie meurtrière des SS les plus fanatiques, dans le secteur.
La liste n’est pas exhaustive : sur la route, entre Stavelot et Trois-Ponts, vingt personnes – hommes, femmes et enfants – sont abattues. Vingt-quatre, à Parfondruy, dont deux femmes enceintes. A Reharmont, une douzaine de civils trouve la mort.
Plus loin, sur la route de Coo, les nazis abattent encore une vingtaine de personnes.
Un long chemin d’horreur, dont toute l’atrocité nous a sauté au visage, par delà l’espace et le temps, lors d’un reportage dans la Bosnie ravagée.

Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

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Stavelot, cité martyre. Quelles que puissent être les circonstances, rien n’excusera, jamais, les massacres commis au nom d’une idéologie. Quelle qu’elle soit.


Peiper

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La condamnation à mort de Jochen Peiper fut commuée, le 30 janvier 1951, en détention à perpétuité. Le 22 décembre 1956, il était libéré sur parole jusqu’au 21 juin 1958, date à laquelle cette mesure prit fin. Le 14 juillet 1978, celui qui n’a jamais renié son attachement au nazisme était assassiné à Tarves (France) et sa maison incendiée.

Ecrit par le major anglais Reynolds, le livre  » L’adjudant du diable  » (De krijger – 2000 – ISBN 90-72547-97-7) retrace le parcours de Peiper, tout particulièrement lors de l’offensive. Ce livre, particulièrement fouillé, en dira plus au lecteur intéressé.


Virgil Lary mourut d’un cancer, en 1981. Dans une lettre à un ami, il confiait que, de toute manière, il était déjà mort dans le champ de Baugnez, en 1944.
Textes : Patrick Germain | Crédit(s) photographique(s):US NARA


 

Liens intéressants

Sur les archives audiovisuelles de la Sonuma

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Aux Etats-Unis, Baugnez est l’épisode le plus tristement célèbre de la Bataille des Ardennes : le 17 décembre 1944, un convoi de l’artillerie US est arrêté par la colonne allemande de Joachim Peiper. Faits prisonniers, les GI sont brutalement fusillés par les SS. Ce crime de guerre coûte la vie à 84 soldats. Mais que s’est-il réellement passé au carrefour de Baugnez? L’Américain George Fox, vétéran de la 285ème artillerie miraculeusement rescapé du massacre, et l’Allemand Rolf Ehrhardt, vétéran de la 1ère Panzer SS, donnent chacun leur version des faits.

 

Sur Youtube

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Des interviews (en anglais) de vétérans qui ont connu cet épisode dramatique. Quelques images d’archive des faits sont mixées, probablement, avec des images de propagande. Les films de propagande étaient très utilisés, tant dans le camps US que dans le camp Allemand.

 

 


 

Où est Baugnez et la commune de Malmedy

Baugnez

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Les corps des GI’s enfouis sous la neige

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Waimes


Malmedy