Décembre 1944, le massacre de Baugnez à Malmedy
Outre les innombrables destructions et morts dues aux tirs d’artillerie et aux bombardements aériens, tant alliés qu’allemands, nombre de massacres furent commis durant l’offensive Von Rundstedt.
Leur liste s’égrène comme un chapelet : Baugnez, Bourcy, Noville, Wibrin, Stavelot, Bande, Steinbach …
Fait de troupes fanatisées, ivres de vengeance ou conscientes de l’inexorable échec du » Reich millénaire « , ces massacres constituent un douloureux martyrologe ardennais.
La 1ere SS Panzer Division (LAH) commit de nombreux crimes de guerre lors de sa percée au Nord du saillant.
Celui de Baugnez, sur les hauteurs de Malmédy, est sans doute le plus connu : quatre-vingt-six GI’s y furent assassinés, dans une prairie située à l’angle des routes de Waimes et de Ligneuville.
La raison en demeure incertaine.
Les faits
Le 17 décembre 44, le 285eme bataillon d’observation d’artillerie de campagne US, aux ordres du lieutenant Lary arrive à Malmédy. Averti de la présence de blindés allemands à Bullange, celui-ci décide néanmoins de suivre la route qui lui a été assignée ; et l’unité s’engage sur la N 23.
Elle arrive au carrefour de Baugnez au moment même où une avant garde de la colonne Peiper y parvient.
Un violent engagement s’ensuit, et les véhicules sont bousculés par les blindés allemands de tête, qui poursuivent leur route. Mais le reste de la colonne est là, et Lary comprend que la situation de sa troupe est désespérée. Il décide de se rendre.
Le commandant Poetshke, qui est laissé avec les prisonniers, distrait deux Panzers de la colonne. Soptrott, commandant l’un des deux blindés, aurait alors reçu l’ordre d’ouvrir le feu. En tout cas, son canonnier, le soldat Fleps, abat le chauffeur du lieutenant Lary d’un coup de pistolet, puis les mitrailleuses des chars entrent en action. Des pionniers du génie allemand, de jeunes recrues, entrent ensuite dans le champ pour achever les survivants.
La prairie Sacrée
Volonté délibérée ? Effet d’entraînement, après le coup de feu de Fleps ? Que s’est-il passé, à Baugnez ? Les historiens eux-même s’y perdent. Restent les faits. Sans excuse.
Le procès de ce massacre eut lieu à Dachau en 1946, et Jochen Peiper fut condamné à mort. Il est prouvé aujourd’hui qu’il ne se trouvait pas à Baugnez au moment des faits.
La prairie abreuvée par le sang des malheureux fut longtemps laissée à l’abandon. Enfant, nous passions régulièrement à cet endroit, dont nos parents nous avaient maintes fois raconté l’histoire.
Elle était devenue sacrée, à nos yeux, et l’est restée.
Un long chemin d’horreur
Mais les massacres ne se limitèrent pas à celui de GI’s désarmés. Les civils payèrent également un lourd tribut à la folie meurtrière des SS les plus fanatiques, dans le secteur.
La liste n’est pas exhaustive : sur la route, entre Stavelot et Trois-Ponts, vingt personnes – hommes, femmes et enfants – sont abattues. Vingt-quatre, à Parfondruy, dont deux femmes enceintes. A Reharmont, une douzaine de civils trouve la mort.
Plus loin, sur la route de Coo, les nazis abattent encore une vingtaine de personnes.
Un long chemin d’horreur, dont toute l’atrocité nous a sauté au visage, par delà l’espace et le temps, lors d’un reportage dans la Bosnie ravagée.
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Peiper
Ecrit par le major anglais Reynolds, le livre » L’adjudant du diable » (De krijger – 2000 – ISBN 90-72547-97-7) retrace le parcours de Peiper, tout particulièrement lors de l’offensive. Ce livre, particulièrement fouillé, en dira plus au lecteur intéressé.
Virgil Lary mourut d’un cancer, en 1981. Dans une lettre à un ami, il confiait que, de toute manière, il était déjà mort dans le champ de Baugnez, en 1944.
Textes : Patrick Germain | Crédit(s) photographique(s):US NARA
Liens intéressants
Sur les archives audiovisuelles de la Sonuma
Aux Etats-Unis, Baugnez est l’épisode le plus tristement célèbre de la Bataille des Ardennes : le 17 décembre 1944, un convoi de l’artillerie US est arrêté par la colonne allemande de Joachim Peiper. Faits prisonniers, les GI sont brutalement fusillés par les SS. Ce crime de guerre coûte la vie à 84 soldats. Mais que s’est-il réellement passé au carrefour de Baugnez? L’Américain George Fox, vétéran de la 285ème artillerie miraculeusement rescapé du massacre, et l’Allemand Rolf Ehrhardt, vétéran de la 1ère Panzer SS, donnent chacun leur version des faits.
Sur Youtube
Des interviews (en anglais) de vétérans qui ont connu cet épisode dramatique. Quelques images d’archive des faits sont mixées, probablement, avec des images de propagande. Les films de propagande étaient très utilisés, tant dans le camps US que dans le camp Allemand.
Où est Baugnez et la commune de Malmedy
Baugnez
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la machine ENIGMA a été décodée en 1942, je suppose qu’ils avaient d’autres moyen de communiquer .
Sur notre page Facebook, beaucoup se demandaient comment les allemands ont pu garder secrète l’offensive programmée en Ardenne(s). Alors que les alliés s’étaient emparés de la fameuse machine de codage des messages allemands : la machine ENIGMA.
Un lecteur, Patrice Collet, nous envoie une page d’histoire sur cette fameuse machine :
Dès 1931, le Service français de renseignement (surnommé le « 2e Bureau ») était parvenu à recruter une source au sein même du bureau du chiffre du ministère de la Reichswehr. Il obtient de lui de premières copies de la documentation ; il les proposa à l’Intelligence Service britannique, qui se montra sceptique, et au service polonais, qui fut très intéressé. Une coopération s’instaura, qui allait durer jusqu’en 1939. Les Français continuèrent de fournir de nouveaux renseignements obtenus de la même source, et les Polonais montèrent une équipe qui parvint à reproduire la machine à partir de la documentation de plus en plus précise qui leur parvenait
En janvier 1939, le SR français invita les Britanniques (mathématiciens Alfred Knox et Alan Turing) pour leur faire partager les informations franco-polonaises, les Français continuant de bénéficier mensuellement de leurs informations sur les réglages des roues et tambours de la machine, et les Polonais ayant trouvé comment décrypter les messages.
Ils décidèrent ensemble d’envoyer tous les éléments connus sur les déchiffrages d’Enigma à Bletchley Park près de Londres où les services secrets britanniques avaient financé une machine de cryptanalyse qui n’était pas encore opérationnelle.
Les cryptanalystes britanniques, dont notamment Alan Turing, purent continuer les travaux du mathématicien polonais Marian Rejewski. Ils furent par la suite, dans des circonstances favorables et pendant des intervalles de temps plus ou moins longs, capables de déchiffrer les messages Enigma en perfectionnant les « Bombes électromécaniques » inventées et mises au point par Rejewski.
Les informations obtenues grâce à cette source leur donnèrent un certain avantage dans la poursuite de la guerre. Il a été estimé que le conflit en Europe a été écourté d’au minimum deux ans grâce à la cryptanalyse des chiffres et des codes allemands ; le déchiffrement de messages chiffrés à l’aide d’Enigma y a joué une part importante.
Un commentaire de Alexandre Steenebrugen extrait de notre page Facebook
En médaillon l’obersturmbannfurher (lieutenant colonel) Joachim Peiper dit Jochen reconnu coupable du massacre de Malmedy et condamné à mort puis commué en année de prison (suite à une histoire étrange d’aveux forcé ???) il fera 14 ans de détention puis sera libéré, il s’installera à Traves en haute Garonne ou il sera reconnu dans les années 70,et soit disant brûlé dans l’incendie de sa maison, le corps n’ayant jamais pu être indentifié, un doute plana sur sa mort.
Sur notre page FaceBook, un lecteur nous confirme qu’elle y est toujours
J’ai visité cette année le musée de Baugnez….que d’émotion.
J’ai travaillé comme chez d’atelier à l’école polytechnique de Verviers de 1985 à 1988.
A l’initiative de mon collègue Joseph Cloot, chez de travaux, la section fonderie de l’école à réalisé une plaque de fonte destinée à commémorer ce tragique événement. Je me souviens avoir assisté au démoulage de cette plaque. Est-elle toujours en place ? Je ne l’ai pas vue en visitant le musée….
Bien cordialement