L’ offensive en quelques lignes
Après les combats de Normandie, le rouleau compresseur allié s’est mis en route, et son avance est foudroyante. Elle se poursuit d’ailleurs au nord et au sud du front. Au centre : l’Ardenne, où quasiment personne n’envisage même l’éventualité d’une attaque.
Pour défendre cette partie du dispositif, Middleton dispose d’un groupement de cavalerie muni d’armes légères, d’une division blindée et de quatre divisions d’infanterie. Les 99ème et 106ème ne comportent pratiquement aucun soldat aguerri ; les 28ème et 4ème sont au repos après avoir livré les violents affrontements de la forêt de Hürtgen.
De son côté, Hitler se rend compte que les armées alliées, bien que stoppées depuis septembre, vont venir à bout de ses forces.
Contre l’avis de la plupart de ses généraux, il prescrit une offensive par trois armées, sur un front de cent vingt kilomètres.
L’effort principal sera dirigé vers Anvers, et couvert par la 150ème brigade blindée S.S. commandée par Otto Skorzeny, revêtue d’uniformes américains, qui aura pour mission de désorganiser les lignes de communication ennemies.
D’autres opérations devront ensuite être lancées, au nord et au sud de la percée.
Le but recherché, outre de démoraliser des Alliés, est avant tout, en atteignant le port d’Anvers, de tarir leur approvisionnement.
Une contre-attaque surprend les alliés
Hitler rassemble alors vingt-huit divisions, pour la percée des Ardennes ; et six pour attaquer en Alsace. Le 15 décembre 1944, 350.000 combattants, 1.900 canons, 970 chars et canons d’assaut sont en place, derrière le front.
Le plan est audacieux. Il aurait pu réussir, comme en 1940. A tel point que Patton, lui-même, va douter un moment de l’issue de la guerre.
Et les préparatifs Allemands vont être si bien gardés, que la surprise va être totale pour des troupes que rien ne prépare à soutenir une contre-attaque.
Eisenhower a disposé ses unités de façon offensive, laissant la portion de front qui va supporter la contre-attaque aux mains des 80.000 hommes de Middleton soutenus par 24O chars, 190 canons auto-tractés et 390 pièces d’artillerie.
Le rapport de forces est clair, et l’on a vu ce qu’il était des troupes de ce secteur. Pourtant, beaucoup de ces » bleus » et ces soldats épuisés vont aller jusqu’au bout de l’héroïsme.
Le 16 décembre 1944, la bataille commence
L’offensive est lancée le 16 décembre entre Monschau et Echternach.
L’assaut de l’aile droite de la VI° panzers S.S. de Dietrich est stoppé par une vigoureuse résistance américaine devant Monschau. La colonne de tête, commandée par Peiper, atteint toutefois les faubourgs de Stavelot.
L’aile gauche perce. Elle contourne Malmédy et s’empare d’un point de traversée sur l’Amblève, le 18 décembre. Elle n’ira pas plus loin.
D’autres unités allemandes traversent l’Our, en direction de Bastogne.
A l’extrême sud du front, la VII° armée allemande (Brandenberger) doit progresser vers Mézières via Neufchâteau, pour protéger l’avance de Von Manteuffel.
Au sud, la V° Panzer de Von Manteuffel débute dans de bonnes conditions et perce le secteur du Schnee Eifel. Encerclés, deux régiments de la 106ème division US vont résister jusqu’à l’épuisement des munitions, avant de capituler le 19. Ce jour-là également, Saint-Vith est attaqué. Mais la 7ème division blindée US va s’y accrocher.
Réaction américaine
Ce n’est que le 17 au matin qu’Eisenhower prend conscience de l’importance de l’offensive Allemande. Bradley ordonne alors à la 10ème division blindée de faire route vers le nord et avalise la démarche du général W.Simpson, de la IX° armée, qui avait envoyé sa 7ème division blindée vers le sud, en direction de Saint-Vith, afin de canaliser l’avance Allemande dans un couloir étroit.
Seule réserve stratégique dont disposent les alliés, le 18ème corps aéroporté (Ridgway) est engagé : les paras quittent Mourmelon en toute hâte. Initialement dirigée sur le secteur de Bastogne, la 82° airborne (All Americans) est finalement acheminée vers Werbomont ; et c’est la 101° division aéroportée (Screaming Eagles), confiée au général Mac Auliffe, qui reçoit l’ordre d’avancer sur Bastogne.
Le tournant de la bataille
Les assauts des Allemands échouent, Von Manteuffel encercle la ville, puis la contourne pour reprendre sa progression. Cette défense l’oblige à distraire une part importante de ses forces de la percée vers la Meuse.
Le 22 décembre, Von Lüttwitz somme Mac Auliffe de se rendre. La réponse est entrée dans l’histoire : »Nuts ». Autrement dit : » c’est la même chose qu’allez-vous faire foutre « , précise le colonel Harper à l’attention des émissaires.
Un détachement Allemand parvient le soir du 23 décembre à Dinant. Ces soldats seront les seuls à atteindre l’objectif. Ils y attendront des renforts et du ravitaillement qui ne viendront jamais.
Peiper, encerclé à La Gleize commence à se replier le 24 décembre en sabordant ses véhicules, eux aussi privés d’essence.
Sur le front commandé par H.Von Manteuffel, des éléments des 3ème et 7ème divisions blindées américaines s’interposent toujours, entre St Vith et Vielsalm. St Vith est enlevé par les Allemands, mais ce succès n’est pas exploité.
Le 20 décembre, Eisenhower place Montgomery à la tête des forces situées au nord.
Stoppés
Le jour de Noël, les Allemands lancent toutes leurs forces pour s’emparer de Bastogne. En pure perte. Et le 26, vers 17 heures, la 4ème division blindée US, l’une des unités de Patton, opère sa jonction avec la garnison.
Au sud, la VII° armée Allemande est contrebattue et repoussée sur sa ligne de départ. La pointe extrême de l’avance de Von Manteuffel est arrêtée à Celles. Le 26, c’est le repli. De même, l’armée de Dietrich, qui avait reçu l’ordre d’avancer vers le sud-ouest, est épuisée par les terribles combats pour Manhay.
La situation devient intenable, et les Allemands réalisent qu’il va leur falloir retirer leurs troupes, pour leur éviter l’écrasement. Mais Hitler refuse. Pire : il ordonne la reprise de l’offensive. Le 3 janvier, un assaut spectaculaire est encore lancé, en vain, contre l’obsédante garnison de Bastogne.
Le même jour, » Monty » engage la contre-attaque au nord. Le 9, la 3ème armée Américaine contre-attaque elle aussi, en direction d’Houffalize ; sur ce qui constitue désormais les arrières allemandes. Car le 8 janvier, Model a enfin reçu la permission de reculer.
Le 16 janvier, les 1ère et 3ème armées américaines opèrent leur jonction à Houffalize, et poursuivent les Allemands battant en retraite. La 1ère armée reprend Saint-Vith, dévastée, le 23 janvier.
Plus d’un mois après le déclenchement de l’offensive, les Allemands se retrouvent sur leur ligne de départ.
Un bilan terrible
Cette bataille, tant par les conditions climatiques que par la sauvagerie des combats, est l’une des plus terribles de celles livrées sur le front de l’Ouest.
Les Allemands y perdent environ 120 000 hommes, 600 tanks et camions, 1 600 avions et 6 000 véhicules. Les pertes Américaines sont aussi sévères: plus de 80 000 hommes ; soit environ 10 000 tués, 48 000 blessés, 23 000 prisonniers ou disparus. 733 chars et canons anti-tanks ont été perdus.
Les Allemands ont sacrifié leurs dernières réserves opérationnelles. Quelques semaines plus tard, les alliés seront au Rhin : Hitler a entraîné son peuple dans une spirale de mort, qui trouve son épilogue dans un Reich dévasté. La capitulation n’est plus qu’une question de temps.
Patrick Germain / 2007
Les photos proviennent des archives US et des archives de guerre allemandes.
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et comme toujours on oublie la bataille inutile de Hurtgenwald qui a précédé de septembre à décembre 44,bataille dont on ne parle jamais mais qui a fut la plus grande et la plus sanglante que livrèrent jamais les américains dans toute leur histoire et fit environ 68.000 morts américains et allemands. Une bataille sanglante et inutile car mal préparée par le commandement américain.
C’est sans doute parce que l’état-major US avait mal géré l’affaire, qu’eux-même en parlent peu sur le plan historique.