La pourriture rouge, Fomes annosus pour les intimes
Espèce de fomes annosus. Voilà une insulte que le capitaine Haddock n’aurait pas reniée. Mais un marin n’est pas censé connaître ce champignon forestier.
Fomes annosus, ou plus simplement la « pourriture rouge», ou encore « le cœur rouge», ou encore « la maladie du rond » est un champignon qui s’attaque à l’épicéa.
C’est un champignon racinaire qui commence par colorer légèrement de rouge le pied de l’arbre jusqu’à détruire le bois en le transformant en pourriture fibreuse. Le cœur de l’arbre peut se retrouver complètement creux en formant une espèce de tuyau sur plusieurs mètres.
C’est évidemment une perte économique importante puisque ce sont les premiers billons du bas de l’arbre qui ont le plus de valeur marchande. Il est pratiquement impossible de déterminer les arbres atteints avant qu’ils ne soient abattus. Il se dit que certains spécialistes, principalement des exploitants forestiers, sont capables de discerner le très léger gonflement du pied d’un arbre atteint. Les pieds gravement détériorés peuvent également se repérer, car ils sonnent creux. Inutile de préciser qu’il faut avoir une sacrée oreille doublée d’une sacrée expérience pour le déterminer. Le champignon contamine les arbres voisins par contact racinaire, d’où sa dispersion « en rond ».
Le champignon se répand principalement dans les peuplements âgés, tout spécialement lorsque l’arbre n’est pas installé dans les meilleures conditions écologiques. L’épicéa par exemple demande un sol frais, plutôt humide et plutôt acide. S’il est planté en dehors de ces conditions qui lui sont favorables, il se trouvera fragilisé et donc plus sensible aux maladies, dont la « pourriture rouge ».
Il peut être nécessaire d’exploiter le peuplement prématurément afin d’éviter une mortalité importante des arbres.
Les forestiers déconseillent également de replanter la même essence après une mise à blanc (coupe totale ou coupe rase) d’une parcelle d’épicéas. A fortiori si on a constaté la présence de la maladie lors de l’exploitation.
D’autres formes de champignons de la même famille s’attaquent à d’autres essences (pins, douglas, mélèzes, etc…) mais la pourriture de l’épicéa est la plus fréquente en Ardenne.
Une fois de plus, une forêt gérée de manière plus écologique, avec des mélanges d’espèces d’arbres de classes d’âge limite la propagation de la maladie.
Voilà pourquoi on trouve souvent quelques billons de bois découpés le long des routes et chemins en bordure d’exploitation forestière. Il est évidemment inutile de transporter ces parties de grumes jusqu’à la scierie. Le bois n’est pas abandonné pour autant, ces billons seront dirigés vers la fabrication de panneaux ou de pellets.
Fr Rion – 2024
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