La linaigrette

La linaigrette

La linaigrette

Même si sa relative rareté lui confère un je-ne-sais-quoi de noblesse supplémentaire, la linaigrette partage avec le pissenlit un mode de reproduction anémophile (cul et chemise avec le vent, allez djan…) auquel on doit les jolis champs neigeux parsemant les habitats fagnards au mois de mai.

 

Dès le mois de mai, elles blanchissent les fagnes. On les trouve partout dans les Hautes Fagnes, ou ici, dans la Fagne des Tailles près de la Baraque de Fraiture.

Dès le mois de mai, elles blanchissent les fagnes. On les trouve partout dans les Hautes Fagnes, ou ici, dans la Fagne des Tailles près de la Baraque de Fraiture. Photo de Michel Humblet.

 

La faune et la flore de ce que Julos Beaucarne appelle plaisamment – et non sans raison – nos « petites Sibérie » fagnardes indique qu’elles ont constitué au fil des âges autant de refuges biologiques pour des espèces désormais confinées dans des habitats beaucoup plus nordiques, plus élevés, ou plus atlantiques. Relique parmi d’autres de ces époques successives de l’histoire ardennaise, la linaigrette compte au nombre des plus spectaculaires. Par ses graines.

Car ce sont bien aux graines que l’on doit les jolis champs neigeux qui parsèment les fagnes au mois de mai : au même titre que le pissenlit, la belle est anémophile et confie à des soies porteuses l’éolienne dissémination de sa descendance. La fleur à proprement parler, qui apparaît au début du printemps, est minuscule.

 

Les flocons du printemps en Fagne.

Les flocons du printemps en Fagne. Photo de Michel Humblet.

 

Trois espèces distinctes de linaigrettes adornent ainsi les âpres solitudes comme autant de transitions métaphoriques entre la supposée morte saison et celle de toutes les promesses : la linaigrette engainée (vaginatum), la linaigrette à plusieurs épillets (polystachium) et la linaigrette à larges feuilles (latifolium). Les deux dernières citées, par la multiplication de leurs épillets, s’avérant particulièrement douées pour le pointillisme paysager.

En des temps pas si lointains, il était de coutume de ramener quelques épis de ses incursions fagnardes quand, à l’instar de ce qui se pratiquait avec le genêt à balais, il ne s’agissait pas d’en témoigner avec plus ou moins de tapage sur la calandre des automobiles. Faut-il préciser que, les belles étant désormais protégées, la perpétuation de cet usage risque de valoir quelques ennuis à nos visiteurs s’en retournant vers les basses terres ?

 


Écrit par : Patrick Germain /2008
Photos : Pat. Germain et Michel Humblet > voir sa page Facebook

Note :Eriophorum vaginatum(L) – polystachium (Honckeny) – latifolium (Hoppe).
Oreiller du pauvre – jonc à coton
Wallon  : tchitchoûle

Source :
Fagne, mon pays – Freyens – Fédération du tourisme de la province de Liège – 2° Les Hautes Fagnes – Schumacker / Noirfalise – Ibid + ASBL Parc naturel des Hautes Fagnes Eifel – 1° Guide de la Fagne – Freyens – Marabout 1967


 

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La chapelle de Bon Secours, au hameau Fischbach

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La chapelle de Bon Secours, au hameau Fischbach

La chapelle de Bon Secours, au hameau Fischbach

C’est au chevalier Henri-Toussaint Fischbach que l’on doit l’érection de la chapelle qui porte son nom, à un jet de pierre de la Baraque Michel. Un édicule dont la vocation, à l’origine, ne devait pas se limiter à accomplir un voeu et à guider les égarés.

 

Consacré au culte le 14 juillet 1831, l'oratoire fagnard matérialise le voeu de M Rondchêne, un notable malmédien par ailleurs beau-père de Fischbach.
Consacré au culte le 14 juillet 1831, l’oratoire fagnard matérialise le voeu de M Rondchêne, un notable malmédien par ailleurs beau-père de Fischbach.

La Chronique rapporte en effet que Rondchêne, égaré en Fagne une dizaine d’années plus tôt, fut sauvé de justesse par les aboiements du chien de la Baraque Michel et recueilli par ses habitants après avoir invoqué Notre-Dame. Il mourut un peu plus tard, trop tôt pour lancer la construction d’une chapelle votive. Son gendre, homme pieux, prit la relève.

Le hameau de Fischbach

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Pieux, sans doute, mais point seulement. Car Henri-Toussaint Fischbach, Chevalier de l’Aigle Rouge, industriel malmédien originaire de Stavelot et homme « bien en Cour » avait une petite idée derrière la tête.

En fait, il avait conçu le dessein de faire défricher les fagnes aux environs de la Baraque Michel, et d’y créer un hameau de cultivateurs. L’usage commençant à désigner le lieu sous le toponyme de « Baraque Michel », le chevalier obtint même que cette « chétive appellation » fût évincée au profit de « hameau Fischbach », nom qu’il porte encore – officiellement tout au moins – de nos jours. Mais les forces économiques ne se laissant pas convaincre, le projet fut sans lendemain, fors la chapelle.

Dédiée à Notre-Dame de Bon Secours, celle-ci était à l’origine pourvue d’une cloche et surmontée d’un fanal que la famille Schmitz alluma tous les soirs jusqu’en 1856, date de l’ouverture de la route Eupen-Malmédy.

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En 1885 un narthex, au clocheton ajouré pourvu d’une cloche fondue à Metz en 1882, fut accolé à la nef à l’initiative du curé de Xhoffraix, lui donnant l’aspect que nous connaissons aujourd’hui.

À l’intérieur, deux plaques d’ardoise rappellent les raisons pour lesquelles la chapelle fut construite. L’autel est surmonté de la statue de Notre-Dame de Bon Secours, avec, de part et d’autre, les statues de St Henri, St Hubert et St Roch. Une statue de St Antoine a disparu.

Pélerinage

La chapelle fut longtemps un but de pèlerinage pour les villages des alentours.

Chaque année, le 15 août, des pèlerins venus de Jalhay, Sart, Xhoffraix, Hockai, Membach et Goé s’y rendaient en procession.

L’origine de la procession des paroissiens de Solwaster vaut qu’on s’y attarde. Peu après la construction de la chapelle, une épidémie de dysenterie frappa la contrée, à laquelle Solwaster sacrifia. Resté pratiquement seul pour soigner les malades, le curé de la paroisse fit vœu d’organiser chaque année un pèlerinage à Notre-Dame de Bon Secours, si le mal était enrayé. Dès le 8 septembre suivant, en la fête  » del pitite Notru-Dame  » il tint parole et conduisit ses ouailles à travers la lande. L’épidémie quitta bientôt la contrée. Ceci dit, déférence gardée envers les mystères de la foi, la procession fut dit-on émaillée de nombreuses haltes durant lesquelles tous mangeaient force myrtilles et airelles. Ceci explique peut-être, aussi, cela.

Pour l’anecdote – et entre nous – j’ai fait mienne l’exécration suprême de grand-père : « Dji t’våreû so l’Fagne avoû l’hite sifflante ». En d’autres termes : « Je te souhaiterais sur la Fagne avec une chiasse carabinée ». Faut-il y voir un souvenir de l’épidémie ? Quoi qu’il en soit, la malédiction est terrible, vous en conviendrez ! :o)

Moins horrible (« quoi que », diront certains…) les femmes en mal d’épousailles ont le choix entre mordre la grille de la chapelle de Tancrémont, ou faire le pèlerinage à la chapelle Fischbach. Vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas…

Un temps tombé en désuétude, le traditionnel pélerinage reprend sa place au calendrier paroissial le dernier samedi du mois d’août. La Foi y est sans-doute pour quelque chose, mais la vitalité de quelques comités culturels locaux a beaucoup contribué a faire revivre la tradition, d’autant plus que depuis 2008, la chapelle a subi une rénovation architecturale importante.

Ecrit par :Patrick Germain /2007

La cloche volée

Curieuse histoire que voici : en avril 2018, la (presque) sainte cloche disparait sans laisser d’adresse. Serait-elle partie pour Rome, certainement pas. Plutôt volée par un malfaisant suppôt de Satan. C’est en tous cas ainsi qu’aurait pu être qualifié le brigand qui avait dérobé l’objet sacré.

Par le même mystère, elle réapparut curieusement posée sur le seuil de l’édifice  au mois de juillet de la même année. Le voleur a-t-il été pris de remords, est-ce un ange qui l’arracha des mains du démon ? Allez savoir !

Toujours est-il qu’elle fut de nouveau en place pour célébrer le pèlerinage annuel du mois d’août. Ouf, on a eu chaud.

 


Galerie Chapelle Fischbach et environs

Où la Chapelle Fischbach

Chapelle Fiscbach

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